Abélard, Sebond et Lulle
A Paris, au XIIe siècle, Pierre Abélard (1079-1142), pour qui les penseurs de l'Antiquité préfigurent la doctrine chrétienne, soutient que la raison doit fonder la foi. Sur la question de la Trinité, appliquant à la théologie la dialectique «à laquelle il appartient de discerner le vrai du faux», il conclut que les trois personnes ne sont que les trois attributs de Dieu, qui peut ce qu'il veut et qui veut ce qu'il sait être le meilleur. Abélard fut condamné par deux conciles pour avoir versé ainsi dans le sabellianisme, hérésie du III e siècle selon laquelle il n'y a en l'Être divin qu'une seule personne, les deux autres n'étant que des émanations du Père: «C'est le pur judaïsme», disait Basile de Césarée.
Raymond Sebond (mort en 1436), que Montaigne traduira en français, appartient à ce courant naturaliste qui passe par saint Bonaventure (vers 1221-1274) et le «Docteur illuminé» Raymond Lulle (vers 1235-vers 1315