Un message lui était parvenu plusieurs jours auparavant, la missive annonçait que le baron de Bellecombe avait été grièvement blessé et que les médecins ne savaient lui préscrire aucun remède.
On demandait sa venue de toute urgence au domaine de Bellecombe afin de procéder à l'extrème onction.
Desmonia avait donc quitté la champagne et avait prit la route de la Savoie, priant Aristote et le Très-haut d'arriver à temps.
Enfin les remparts de Bellecombe apparurent, après avoir prit quelques nouvelles auprès des domestiques, elle revêtit une étole et une chasuble violette, ornements dus à la circonstance et entra dans la chambre du maitre des lieux.
Elle s’approcha de Pather. Puis se tournant vers les gens présents, elle dit :
La maladie et la souffrance ont toujours été parmi les problèmes les plus graves qui éprouvent la vie humaine. Dans la maladie, l'homme fait l'expérience de son impuissance, de ses limites et de sa finitude. Toute maladie peut nous faire entrevoir la mort.
La maladie peut conduire à l'angoisse, au repliement sur soi, parfois même au désespoir et à la révolte contre le Très Haut. Elle peut aussi rendre la personne plus mûre, l'aider à discerner dans sa vie ce qui n'est pas essentiel pour se tourner vers ce qui l'est. Très souvent, la maladie provoque une recherche du Très Haut, un retour à Lui.
Pour ces enfants c’est la suite de leur baptême, ils n’ont pas a rechercher ce qu’ils ont, la communauté attend leur guérison ou leur salut.
Elle expliqua:
Ce sacrement était déjà donné dans la première communauté Aristotélicienne : « Si l'un de vous est malade, qu'il fasse appeler les anciens de la communauté qui prieront pour lui en pratiquant une onction d'huile au nom du Très Haut. Leurs prières, inspirées par la foi, sauveront le malade, le Très-Haut le relèvera, et s'il a commis des péchés, ils lui seront pardonnés. »
Puis elle se pencha vers Pather, lui oint le front en récitant à voix basse une prière, longtemps, très longtemps la soeur chapelain parla à l'oreille du blessé, sans que personne ne puisse entendre ce qu'elle disait.
S'en suivit une longue litanie à peine audible.
Pather aux mots du chapelain réagissait, d'un batement de cil, parfois d'un faible sourire, la félicité commençait d'envahir son visage. Le repos, enfin le repos après la douleur et la souffrance.
Desmonia lui baisa le front.
Ensuite elle oint ses mains en continuant à psalmodier
Par l'Onction sacrée des malades et la prière des prêtres, c'est l'Église Aristotélicienne toute entière qui recommande les malades au Très-Haut, pour qu'il les soulage et les sauve ; bien mieux, elle les exhorte, en s'associant librement à la passion et à la mort de Christos à apporter leur part pour le bien de la communauté d’Aristote.
Se tournant ensuite vers les présents :
Voilà, ce sacrement peut être donné plusieurs fois, il est à la fois l’espoir d’une guérison et le viatique en cas non guérison.
Cela n’est pas la cause d’une tristesse pour nous, le rappel de ses enfants près de lui, est pour toute notre communauté une manifestation des bienfaits du Très Haut.
Elle se pencha à nouveau vers le moribond et murmura pour lui seul.
Je prie pour votre guérison, je prie pour votre salut.
J'ai appris que votre épouse était en ce moment même en plein travail, gardez espoir de connaitre cet enfant, et si Aristote dans sa grande mansuétude vous rappele à lui, n'oubliez pas que vous vivrez à travers ce petit être et dans le coeur de ceux qui vous aime.
Votre passage sur cette terre aura été une bénédiction pour beaucoup de personne, mais surtout pour votre épouse dame Tiamarys qui n'en doutez pas vous aime plus que de raison. Cet amour sera sans nul doute reporté sur votre enfançon et dans la mémoire qui perdurera dans ses pensées.
Elle lui adressa un sourire rassurant, s'agenouilla et pria pour que sa douleur cesse, pour l'épouse qui bataillait elle aussi et pour l'avenir de ce petit être innocent qui devrait vivre avec un vide dans sa vie.