Baptême de Cousin Tigelius (3 octobre 1457)

Lap avait fait un long voyage pour arriver à temps. Elle descendit de son cheval et l'attacha près de l'église, elle défroissa un peu sa robe tout en l'époussetant des poussières du voyage. Mais bon ce n'était pas encore vraiment ça, on voyait bien les traces de son voyage sur sa robe. Elle soupira, mais elle avait pas le temps de se changer.

Elle pénétra dans l'église, le calme y régnait apparemment. Elle n'y était pas la dernière car Tigelius n'était point encore là, ni la première comme d'habitude. Elle avança doucement dans l'allée centrale, puis pris une place sur un banc.

- Bonjour Mesdames.

Lin trouvant la salle assez rapidement, y pénétra avec un soupçon d'hésitation, était il déjà arrivé? Comment réagirait il en la voyant ainsi? Elle qui avait opté pour la simplicité, pas de couronne, elle n'en n'avait nul besoin après tout, ce n'était pas en tant que dame qu'elle était ici, c'était pour bien plus...
Léger mouvement de tête pour voir les présents, peu de monde encore, pas étonnant au final, ce n'était point l'heure.

Soulagement ou désolation de ne le voir encore pointer le bout de son nez. Une chose était sûre pourtant, c'est qu'il serait présent car c'était pour lui que tous étaient là.
Ce jourd'hui, son entrée dans la famille d'Aristote, un grand moment qu'elle se devait de passer à ses côtés.

Première personne qu'elle vit, fut son amie Tia, déjà présente et après tout, un peu normal vu que maîtresse des lieux.
Lin alla à sa rencontre, essayant de diminuer le large sourire qui illuminait son visage.

Coucou toi, tu es ravissante dis donc! Lin déposa une bise sur sa joue. Tu vas bien? Oh et puis mes félicitations pour vos fiançailles! Je suis navrée de n'avoir pu venir, les routes m'ont gardé plus longtemps que prévu.

Tigelius marchait dans les couloirs du domaine, quelque peu stressé. Il approchait de la porte de la chapelle, yeux baissés, tenaillé par la peur... Mais quelle peur, finalement ? Bien-sûr, la démarche qu'il s'apprêtait à faire était loin d'être anodine. Ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait faire sa profession de foi au milieu des gens qu'on aime. Et puis, sa cousine allait officier de main de maître, il en était sûr... Tout irait bien...

"Tigelius, mon vieux... lève la tête, n'oublie pas... ne jamais baisser les yeux !" se murmura-t-il, relevant la tête en même temps qu'il poussait la porte. Les yeux rivés vers la nef, son premier regard fut pour sa cousine diaconesse. Elle était figée, ses yeux semblaient rivés sur cette porte qu'il passait à l'instant. La voir le mit en confiance, il afficha un large sourire. En peu de temps, elle savait déjà tout de lui, ou presque...

Ses yeux balayèrent la salle du regard. La reine des marraines, sa Tia chérie était là. Le gang des marraines n'étais pas au complet, seule Elloras était déjà présente avec ses deux enfants. Il lui sourit, faisant signe qu'il allait venir jusqu'à elle. Il se dit qu'il devait bien être le seul de tout le Royaume à s'offrir autant de marraines, mais elles étaient toutes si importantes à ses yeux. Il était heureux qu'elles aient accepté de jouer ce rôle important sous la houlette de Tia.

Continuant l'examen des lieux, il reconnut Lap, lui fit un large sourire. Il culpabilisa un peu de n'avoir point encore répondu à sa lettre. Sans doute auraient-ils l'occasion de parler un peu ce soir.

Les cloches de la chapelle raisonnaient dans sa tête. Son regard s'arrêta sur Linoa, d'une élégance rare dans sa robe immaculée, bordée de parme. Sa présence indiquait qu'elle avait reçu sa lettre. Il fallait qu'il se concentre sur son baptême, ce soir, il n'était pas question d'autre chose, il n'avait pas le droit, il fallait laisser du temps, pensait-il... Elle était la plus proche de lui, il se dirigea d'abord vers elle et l'embrassa sur les deux joues.

"Bonjour Lin ! Je suis heureux de ta présence ! Sois la bienvenue en ce grand jour !" Ses mains effleurèrent les siennes au moment où il l'embrassait. Il releva la tête, croisa son regard l'espace d'un instant, esquissa un sourire.

Jamais, mais alors jamais de sa vie il n'avait passé autant de temps dans les églises qu'au cours de ces derniers jours. Il allait meme finir par s'habituer à l'odeur entetante de l'encens.

Mais cette fois, il n'était guère que spectateur. C'était reposant. Aussi fut-ce d'un air détaché qu'il entra. Il n'y avait... Que des femmes ! Un instant, saisi par sa timidité naturelle, il faillit reculer, se demanda même s'il nes'était pas trompé, si le lieu ne servait pas à une cérémonie paienne appellée "Reunion Tue Peur Hoir". Mais non, les toilettes étaient recherchées, et chacune semblait attendre le futur sacrifié sur l'autel de la dévotion. C'est-à-dire le Tig.

Bien sur, mais ça ne pouvait pas l'étonner, sa brune était la plus belle, ce qui ne l'empecha pas de les saluer toutes, avant d'aller s'asseoir à coté de la maîtresse du lieu.

Non, c'est vrai. Ca doit être la pression, le monde, la cérémonie, l'après cérémonie, tout ça... Et puis c'est un grand timide, le cousin.

Il sourit, amusé, puis se cala contre elle, paisible, en grignotant quelques raisins qu'il était passé faucher à l'office.

T'en veux ? Chest bon tu chais.

Un dernier pépin qui craque sous la dent, et il se tourna vers l'autel. Rarement il avait vu Flo si concentrée.

Accueillons-le avec amour, qu'elle disait...
Il avait du changer, dans le temps il préférait être accueilli avec un tonneau de cervoise fraiche.

Tigelius finissait de saluer les personnes présentes, que déjà un geste de l'officiante le ramena à l'ordre. Il vint se placer devant elle, confiant mais tout-de-même mort de trouille.

Citation :

Dóminus vobíscum.
Et cum spíritu tuo.
Benedícat vos omnípotens Deus Pater
Amen.

Il n'était pas sûr de tout bien comprendre mais ce dit que ça devait être la nouvelle façon d'accueillir la population dévôte. De toute façon, il trouvait cela fort joliment dit.

Citation :

Mes frères et sœurs, je vous souhaite à tous la bienvenue dans la maison d'Aristote.
Ce jour est jour de fête! Car notre frère bien aimé Tigelius va rejoindre la grande famille d'Aristote.
Accueillons le avec amour..

Tigelius l'interrogeait du regard. Frère ? On est plus cousins ? Et heu... Je deviens le frère de Lin, et de cousin Eudes du coup ? Bien entendu, il n'osa rien dire et laissa faire, puisqu'il était en confiance, se demandant tout de même s'il allait être saigné comme un goret. Il prit un air faussement tranquille et fit mine d'être bien plus à l'aise qu'il n'y paraissait...

Rhalalala... Encore à confesse ! Cette fois, il décida que non, il n'avait pas besoin de le faire. Il avait déjà donné, et depuis, il n'avait rien fait qui puisse lui mettre la moindre petite tâche sur son âme toute blanche, toute pure.

Il était tellement léger qu'il s'obligeait chaque matin à ceindre son épée, de peur de s'envoler.

Du coup, silencieux, il se contenta de regarder son cousin, histoire de voir s'il avait bien appris la phrase magique.