Mariage de Paillard et Tiamarys (22 octobre 1457)

Après avoir salué la future mariée le couple s'était trouvé une place sur les bancs. Tema n'y connaissait pas grand monde, bien quelques personnes croisées une fois ou deux mais sans plus. Son visage allait d'un visage à l'autre, de plus en plus épatée des tenues aussi belles les unes que les autres, elle s'en sentait presque mal à l'aise dans sa tenue toute simplette de ptite de ce monde. Du monde, encore et toujours et pas un plus connu que les autres jusqu'à ce qu'une dame sorte du lot, elle la reconnut de suite ce qui la fit sourire. Discrètement elle chuchote à son homme

Excuse moi mon cœur, je reviens je vais saluer la Duchesse.

Un signe de tête vers la Duchesse pour la lui montrer, une bise dans son cou puis elle se fraye un chemin entre les invités pour aller la retrouver. Souriante elle vient à ses côtés et chuchote pour ne pas déranger la cérémonie en cours

Bjour ma Duchesse, ravie de vous voir ici ! Vous allez bien ?

Tema se tient les bras croisés devant elle, pas à l’aise du tout bien qu’elle tente de le cacher. Elle lui chuchote.

Dites donc ça c’est du mariage ! C’est toujours aussi grandiose ? C’est mon premier alors je ne sais pas trop…

Lui souriant, il écoutait sa promise, ému. Mais la voix insistante de Flo le tira de sa reverie.

Ah la bourrique ! Ca, il n’aimait pas du tout. Exposer ses sentiments en public, c’était pas son truc. Il se demandait d’ailleurs si c’était bien dans la procédure, en fait… Et tout ça sans prévenir. Il considéra Flo d’un œil soupçonneux.

Mais bon, il se décida. Quelques instants de réflexion, il y avait tant à dire, et il se lança :

Il y a longtemps, en un pays lointain et glacé, perdu dans les terres inhospitalières de l’est, j’étais parti, avec ma petite épée, égorger quelques marauds. A cette époque, on chargeait et on buvait. Ca s’arrêtait à peu prés là. A cette époque, la guerre était simple. Mais je m’égare. Or donc, on buvait. En taverne, bien sur. Et miracle, je fus, un jour, assez sobre encore pour apercevoir au fond d’un bouge une jolie brunette. De gris vêtue, et fort affutée en paroles.

A l’autre bout du royaume nous combattîmes ensemble de nouveau, apprenant peu à peu à se connaitre. Il fallut un peu de temps, mais c’est le BA qui finit par nous accueillir ensemble, et désarmés. Depuis, les liens se sont resserrés, et nous en sommes aujourd’hui à nous supporter.

Il sourit.

A supporter nos mauvaises humeurs, nos coups de gueule, nos égos. Mais aussi à partager. A tout partager.

J’ai attrapé le soleil, et je compte le garder. C’est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui, devant témoins. Plus ou moins de haute moralité, mais ceci n’est pas le sujet.


Regard sévère vers ceux qui se reconnaissent immédiatement.

Levant la main, il en effleura la joue de Tia, avant de la poser doucement sur sa nuque.

Tiamarys de Vauvre, dame d’Aubiat. Je t’aime et je vais t’épouser, que tu le veuilles ou non ! Pour les petits du Perray, ma foi, il y a de la place, ici !

Attraper le bouquet ?!

Tema est si surprise que la phrase est lâchée plus forte que prévue, si bien qu’elle s’en met rapidement la main sur la bouche comme ci cela pouvait en faire baisser le son. Elle rougit puis répond très timide

M’enfin en v’la une idée ! J’aurai l’air maline avec ça et puis ça serait un peu trop tôt, n’est ce pas vous qui disiez que je devais prendre mon temps ?

Impossible de retenir son pti rire, décidément sa Duchesse a de grands projet pour elle et puis en faite, attraper ce bouquet, pourquoi pas, c’est bien la première fois de sa vie qu’elle peut envisager sérieusement le mariage. A cette idée son regard se pose sur son homme, son Niall, lui qui lui fait chavirer le cœur à chaque mot, lui dont elle ne voudrait se séparer pour rien au monde. Après quelques secondes elle ajoute tout sourire

Mici ma Duchesse, mais ma robe n’en est pas vraiment une vous savez … c’est juste mon bustier avec un coup de propre et une jupe faite par les tites mains habiles de Niall, c’est qu’il est doué c’est fou ! C’est horriblement cher ces choses là … j’en ai pas les moyens, loin de là mais qui sait peut être un jour…

Au dernier chuchoti elle répond sur un ton aussi bas

Oui comme vous dites, c'est beau de voir ça, j'espère que ça va leur durer toute la vie et même plus.

L’était pas loin, le vieux. Planqué, à reluquer la foule. Si un de ces nobliaux venait a perdre une bourse… Pis il avait vu, celui en jupe en avait deux, des bourses. Un peu plissées, mais passons.

Il n’écoutait pas, le vieux. S’en foutait. Affaire de riches, ça. Il se voyait épouser la vioque, tiens. Autant entrer dans les ordres, qu’il pensait, le vieux.

Soudain il le vit, avant tous les autres. Son œil de braconnier lui servait, au vieux. Une engeance de goret, qu’il se dit, le vieux. Un tit baugeux, encore propre et assez gras.

Ni une ni deux, le vieux. Sa fulgurance odorante traversa la chapelle, remontant les rangs soyeux dans un remugle écœurant. En un instant il fut devant le curé à deux seins, diaconiaise, qu’ils appelaient, les gens. Il lui crachota, en même temps qu’un sourire édenté, quelques glaviots collants.

Z’en faites point, ma mère, j’vous débarrasse !

D’un geste vif, il relève les jupons de la dame, dévoilant des chevilles pas désagréables, et empoigne le goret qui couine comme une pucelle. Avant de réaliser l’air outré de l’assemblée. Prudent, le vieux, le voila qui disparait par la porte de la sacristie, son butin dans les bras.

Il essayait d’écouter, concentré, surtout qu’on arrivait au moment crucial, mais, hors les simagrées du vieux bougre, un bruit de fond le dérangeait. A croire que l’on papotait, au fond, comme dans un salon. Chose que malgré son sans-gêne bien connu, il ne se serait jamais permise.

Il se tourna vers les voix. Un couple, un homme, un bébé. Qui s’échangeaient des paquets. Joffrey faisait l’effort de murmurer, mais il semblait être le seul. Il fronça le sourcil, avant de se tourner de nouveau vers l’autel.

LA question. Ahah, c’était le moment.

Il s’éclaircit la voix.

Bien ! Florence, tu me déçois ! Oser me poser cette question, alors que je suis là. C’est une réponse, non ? Si je ne voulais pas l’épouser, je serais en taverne.
J’ai même pris un bain, tu vois, c’est dire ! Mais non, toi tu me poses la question, comme ca, l’air de rien ! Ralala ce que tu peux être procédurière !

M’enfin, c’est la règle, n’est-ce-pas ? Alors je vais, une fois n’est pas coutume, me plier à la loi ! Je le fais, d’ailleurs, de bon cœur, et pas parce que c’est la règle, mais parce que j’en ai envie, c’est tres différent. !

Alors ! Oui, moi, Eudes du Perray, plus connu sous le nom de Paillard, seigneur de Condat, je veux épouser Tiamarys de Vauvre, dame d’Aubiat. Je déclare être sain d’esprit, à défaut de corps, et mesurer l’étendue de l’engagement que je prononce aujourd’hui.

Sceller le serment. Ah. Il recueillit l'alliance, et resta perplexe. Sceller ? Du coin de l'oeil, il cherchait quelque chose. Du platre, un peu de mortier, une truelle, de quoi sceller ! Mais rien n'avait été prévu, manifestement. Donc c'était autre chose.

Oups... Percussion, enfin ! Mais c'est bien sur !

Tranquille, genre je maitrise toute la liturgie, il saisit l'anneau entre ses doigts, et le glissa à l'annulaire de Tiamarys.

Interrogateur, il se tourna vers Flo :

J'ai bon ?